La glacière de Hermanmont

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La glacière de Hermanmont

Cet étonnant bâtiment, qui ressemble à une chapelle, date des années 1880. Il est constitué de schiste salmien, de briques de Rencheux et d’ardoises naturelles.

Jusqu’à la moitié du 19ème siècle, le « mont de Herman » (du nom d’un ancien comte de Salm du 11ème ou 12ème siècle) ne comportait que des bâtiments d’une exploitation agricole.

Vers 1850, la chasse à courre s’implante à Vielsalm. C’est peu après que M. Théophile Grart d’Affignies devient propriétaire du domaine. À son décès, en 1879, le bien est acquis par M. Camille de Jacquier de Rosée et son épouse Marie de Seyssel d’Aix.

De 1858 à 1895, les propriétaires successifs vont aménager un fameux domaine qui comprend : 3 étangs, 2 canaux, 1 mare, 1 cascade, l’alimentation de la roue du moulin, une ferme, un château, un chenil, deux maisons, un pavillon, un moulin et… une glacière.

Les châtelains, les hôteliers, parfois un groupe de bouchers ou même une ville imaginèrent de conserver la glace de l’hiver jusqu’en été. (Il y a d’ailleurs de nombreux siècles que cela se pratiquait dans certaines régions aux étés chauds).

Il importait donc de stocker la glace en l’isolant de la chaleur. Le système le plus utilisé fut une sorte de cave, protégée de la pluie et des rayons du soleil. On y empilait soigneusement les blocs de glace découpés sur un étang gelé. La pile de glace, arrosée d’eau froide, finissait par former une seule masse compacte. Une bonne couche de paille, étendue par-dessus servait d’isolant vis-à-vis de l’air. Un jeu de portes multiples formait un sas empêchant l’air chaud d’atteindre la « réserve ». L’été venu, on pouvait prélever des blocs, avant le lever du jour ou à la nuit tombée, jamais en plein midi. Et ainsi, on récoltait, en été, la fraîcheur mise en conserve l’hiver !

 La glacière de Hermanmont bénéficie d’une architecture particulière. La cuve, qui se trouve dans le bloc central, est séparée des murs extérieurs par un vide qui offre une excellente isolation thermique et qui permet de conserver la glace de l’hiver pendant tout l’été. Pour l’approvisionner, on découpait, en hiver, des blocs de glace dans les étangs du baron de Rosée et on les empilait dans la cuve d’une capacité de 55 m3. Entouré de hêtres, le toit du bâtiment était bien protégé de la chaleur.

La baronne de Rosée écrivait dans ses souvenirs en août 1914 : les dames Beaupain sont venues voir si j’avais encore un peu de glace pour une dame qui venait d’avoir une attaque d’apoplexie (qui pourrait être ce que l’on appelle aujourd’hui un AVC). Il semblerait également, toujours d’après ces notes, qu’on venait parfois en demander pour l’asile des fous de Lierneux.

En 1918, on vit des allemands s’agenouiller et prier devant la glacière, la prenant pour une chapelle.

Après la 1ère guerre et la généralisation de la distribution de l’électricité, la glacière fut peu à peu délaissée. Elle subit d’importants dégâts, particulièrement lors de l’offensive des Ardennes. Plus tard, le toit s’écroula et les hêtres furent abattus.

Depuis de nombreuses années, des amoureux du passé salmien demandaient le sauvetage de ce bâtiment remarquable. C’est finalement en 1992 que l’Administration communale a pu acquérir la glacière d’Hermanmont, sous l’impulsion du projet habilement mené par M. Charles Legros qui a permis de sauver cet édifice particulier de Vielsalm.

Vient alors le long processus de restauration : arrêter les dégradations, dresser un état des lieux et un inventaire des travaux à réaliser, préparer les divers cahiers des charges, métrés, estimations…

L’inauguration de la glacière restaurée a eu lieu lors des journées du Patrimoine en septembre 1995.

Le bâtiment est actuellement à vocation esthétique et touristique. Il est pourvu d’un éclairage mettant en valeur ses caractéristiques.

La girouette qui surmonte la flèche représente une trompe de chasse dans l’anneau de laquelle s’entrecroisent une épée et une cravache : réminiscence de la chasse à courre dont Hermanmont fut le berceau.

Si vous souhaitez en savoir plus sur les glacières, voici des ouvrages qui devraient vous passionner : « Les glacières à glace naturelle » paru aux Editions du Perron dans la collection « Héritages de Wallonie » et la revue « Glain et Salm Haute Ardenne » publiée par l’asbl Val du Glain, Terre de Salm » vous renseignera sur le « cadre de vie » dans lequel se situe la glacière.

Cet article a été écrit grâce à l’aimable et précieuse collaboration de M. Charles Legros (un des passionnés dans la défense du patrimoine architectural), mais aussi grâce à un article de M. Robert Nizet (encore un passionné) paru dans MédiArdenne le 09.09.2008.

Il est possible de visiter ce magnifique vestige de notre patrimoine mais uniquement sur rendez-vous.

Pour ce faire, contactez Monsieur Legros au 0032 (0)80 21 62 52 ou via son adresse mail : charlesgros@skynet.be. Il se fera un plaisir de commenter votre visite.

Categories: Patrimoine

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